Pop’Sciences répond à tous ceux qui ont soif de savoirs, de rencontres, d’expériences en lien avec les sciences.

EN SAVOIR PLUS

La Ronde du Pollen

LLa Ronde du Pollen

Des chercheuses du laboratoire Reproduction et Développement des Plantes – RDP (Université Claude Bernard Lyon 1, CNRS, INRAE, INRIA, ENS de Lyon) – ont lancé un nouveau jeu chez Bioviva : La Ronde du Pollen butine les fleurs et découvre leurs fruits !

Un jeu pour polliniser toutes les fleurs avec les insectes, en évitant les dangers !
Que les prairies fleuries et les jardins sont beaux ! Avec les insectes, les joueurs vont transporter tous les grains de pollen vers les fleurs à polliniser pour leur permettre de donner de jolis fruits. Dans leur voyage, ils devront se méfier des nombreux dangers qui les guettent : oiseau, grenouille, araignée et même les bourrasques de vent vont les mettre au défi ! Mais attention, ce sont surtout les pesticides que les insectes doivent redouter…

Dans ce jeu coopératif, les joueurs découvrent comment les fleurs donnent des fruits, grâce à la pollinisation ! Pour cela, ils promènent les insectes de fleur en fleur et doivent éviter les dangers naturels et les pesticides. Les joueurs parviendront-ils à polliniser toutes les fleurs pour donner de bons fruits ?

Observation et motricité seront leurs meilleures alliées pour remporter, tous ensemble, la partie.

> Comment jouer ?

À tour de rôle, les joueurs lancent le dé pour récupérer un insecte pollinisateur, puis un pion de pollen. Une fois qu’ils ont réussi à transporter le pollen sur la bonne fleur, ils peuvent retourner le pion pour dévoiler le fruit que donne la fleur.

Mais attention, de nombreux dangers les guettent ! L’araignée, la grenouille, l’oiseau ou la bourrasque de vent peuvent empêcher les insectes d’atteindre les fleurs. Les joueurs doivent alors relever tous ensemble des défis de motricité pour éviter que les insectes ne soient éliminés. Et gare au « Pesticide » qui s’approche petit à petit de l’hôtel à insectes !

Tous les joueurs gagnent la partie si toutes les fleurs sont pollinisées avant que l’ensemble des insectes ne soient éliminés de la partie ou avant que le pion « Pesticide » ne soit arrivé à l’hôtel à insectes.

Un jeu né du partenariat entre l’éditeur de jeux Bioviva, l’École Normale Supérieure de Lyon – ENS de Lyon – et la SATT PULSALYS (incubateur et accélérateur d’innovations DeepTech de Lyon et Saint-Étienne). Ce jeu, initialement créé par des chercheuses en Biologie spécialistes de la biologie végétale, a été retravaillé par Bioviva afin de sensibiliser les enfants dès 4 ans à l’importance de la biodiversité, de la préservation de l’environnement et plus spécifiquement à la protection des insectes pollinisateurs. Un projet facilité par la SATT PULSALYS.

> Informations :

  • De 2 à 4 joueurs.
  • Dès 4 ans.
  • Prix de vente conseillé à partir de : 21,99 €.
  • Fabriqué en France et éco-conçu.

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :

Laboratoire RDP

©Bioviva

La « valse » des mers sous-glaciaires en Antarctique, ce phénomène méconnu qui pourrait accélérer la montée des eaux | The Conversation

LLa « valse » des mers sous-glaciaires en Antarctique, ce phénomène méconnu qui pourrait accélérer la montée des eaux | The Conversation

Sur nos planisphères centrés sur les latitudes habitées, on ne remarque pas à quel point l’Antarctique et les mers australes sont centraux… pour la circulation océanique, et donc pour l’adaptation du système Terre au changement climatique. Et pourtant, ils pourraient être le siège de modifications irréversibles, les fameux « points de bascule » climatiques.

Alors que nos émissions de gaz à effet de serre s’accumulent dans l’atmosphère et provoquent une augmentation des températures moyennes de notre planète, les glaces des pôles fondent et se déversent dans les océans à un rythme effréné. Cela a pour effet d’accélérer la montée du niveau des eaux : alors qu’elle était de 1,3 millimètre par an entre 1901 et 1971, elle a été mesurée à 3,7 millimètres par an entre 2006 et 2018. Cependant, les projections de niveau des eaux pourraient être sous-estimées du fait de phénomènes physiques amplifiant la fonte des glaces.

L’Antarctique est un continent couvert d’immenses glaciers qui glissent vers la mer sous l’effet de leur propre poids. Lorsqu’ils atteignent la mer, ils continuent leur écoulement et flottent alors à la surface de l’eau : c’est ce qu’on appelle des plates-formes de glace. De grandes superficies d’eaux (pouvant atteindre jusqu’à la taille de la France) se retrouvent couvertes par ces épaisses couches de glace, formant des mers sous-glaciaires. Or, ces dernières sont suspectées de pouvoir se réchauffer brutalement, fragilisant les plates-formes qui limitent l’écoulement des glaciers.

L’impact de la fonte de ces plates-formes sur la montée du niveau des eaux serait bien sûr important, car cela déstabiliserait le glacier en amont sur la roche, mais il faut aussi souligner que le rejet massif d’eaux de fontes dans l’océan Austral pourrait perturber la circulation globale de l’océan, et avoir des effets qui se répercutent jusqu’au nord de l’océan Atlantique.

l’océan Austral communique avec beaucoup d’autres océans

Circulation océanique globale. Les chemins bleus représentent les courants profonds alors que les chemins rouges représentent les courants de surface. Le courant circumpolaire Antarctique, qui fait le tour du continent Antarctique, relie tous les autres océans et joue donc un rôle clé dans cette circulation globale | Adapté et traduit de Wikipedia, Fourni par l’auteur

En effet, en raison de sa position centrale, l’océan Austral est une pièce clé du système climatique. Il est constitué d’un ensemble de mers continentales accolées aux côtes de l’Antarctique, ainsi que du courant circumpolaire antarctique, forcé par de puissant vent d’Ouest entre les 60e et 80e parallèles de l’hémisphère sud. Ce courant contrôle la remontée d’eaux chaudes profondes issues des océans tropicaux atlantique, pacifique et indien vers l’Antarctique, les amenant jusqu’aux mers continentales où se joue la fonte des glaces.

La sensibilité de la fonte des glaces à la température des mers sous-glaciaires

En Antarctique, la fonte des plates-formes glaciaires est essentiellement due à la chaleur transmise par les mers sous-glaciaires. Aussi, la température de l’eau sous la glace est déterminante dans l’estimation de la vitesse de fonte. Plus précisément, c’est l’écart entre la température de solidification de l’eau de mer (autour de -2 °C car elle est salée) et la température de la mer sous-glaciaire qui importe.

Ainsi, une eau de mer qui se réchauffe de -1 °C à 0 °C double l’écart au point de solidification, ce qui a des conséquences considérables sur la fonte.

Deux types de masses d’eaux peuvent pénétrer dans les cavités sous-glaciaires. Premièrement, des eaux chaudes profondes d’origine tropicale, dont les températures sont généralement comprises entre -1 °C et 2 °C. Deuxièmement, des eaux de surfaces froides, en contact avec la glaciale atmosphère polaire, ayant des températures variant de -2 °C à -1 °C. L’infiltration d’eaux chaudes dans les cavités sous-glaciaires entraînerait l’amincissement puis la disparition des plates-formes de glace. Les glaciers continentaux qu’elles retiennent, comme le bouchon d’une bouteille couchée retient le vin, seraient alors libres de se déverser rapidement dans les eaux polaires.

les mers sous glaciaires, version chaude et version froide

Coupe latérale de l’océan à proximité des plates-formes de glace. Sur la figure (a), la formation de banquise fait couler les eaux de surface froides qui empêchent les eaux profondes chaudes de pénétrer sur le plateau continental. Sans formation de banquise en revanche, sur la figure (b), les eaux chaudes profondes sont capables de remplir la cavité sous-glaciaire et donc d’augmenter la fonte sous la plate-forme. Adapté et traduit de The Sensitivity of the Antarctic Ice Sheet to a Changing Climate : Past, Present, and Future, Noble et coll., Reviews of Geophysics, 2020 | Fourni par l’auteur

Cependant, l’intrusion d’eaux chaudes dans les mers sous-glaciaires n’est pas forcément fatale. En Antarctique de l’Ouest, ces eaux denses réussissent à atteindre et faire fondre la partie profonde des plates-formes glaciaires, forçant le recul des glaciers. Mais en Antarctique de l’Est, cette même tentative est souvent contrecarrée par la formation de banquise due à la présence de vents froids en surface. En effet, lors du gel de l’eau de mer, seule l’eau se transforme en glace laissant en surface des quantités élevées de sel. Ainsi, ces eaux froides de surface deviennent de plus en plus denses et coulent au fond de l’océan, remplaçant les masses d’eau chaudes et diminuant grandement la fonte sous les plates-formes glaciaires.

Le réchauffement climatique pourrait provoquer une bascule irréversible en empêchant les eaux froides de surface de couler

Récemment, des études scientifiques ont suggéré que le changement climatique pourrait favoriser le basculement de cavités froides vers des conditions chaudes. En effet, un changement des vents ou une augmentation de la température de l’atmosphère pourrait diminuer la formation de banquise et donc d’eau dense capable de couler.

Une telle transition serait déjà potentiellement à l’œuvre au niveau de la plate-forme de Dotson, où l’observation de variation de températures et de salinité de l’océan pourrait être la signature d’un changement de régime. En Antarctique de l’Est, des simulations numériques montrent que la cavité de Filchner-Ronne pourrait se remplir d’eaux à -1 °C plutôt qu’à -2 °C comme c’est le cas actuellement. Un passage en conditions chaudes accélérerait la disparition de cette plate-forme qui retient 10 % du volume de glace en Antarctique, susceptible d’augmenter le niveau de la mer de plus de 5 mètres.

Une des craintes associées à ce type de transition est la non-réversibilité du processus. En effet, lorsque des flux d’eaux chaudes pénètrent la cavité, la fonte accrue de la plate-forme provoque la formation d’eau douce moins dense qui va se retrouver en surface, qui elle ne coulera pas pour remplacer les eaux chaudes en profondeur. On se retrouve face à ce qu’on appelle un point de bascule climatique : à partir d’un certain seuil de modification du climat, ces cavités glaciaires peuvent se remplir brutalement d’eaux chaudes, irréversiblement.

La turbulence dicte le mélange des eaux chaudes et froides mais reste mal comprise

À l’heure actuelle, ces changements de régime restent incertains. En effet, les modèles climatiques globaux décrivent mal la physique du mélange des eaux de fonte avec l’eau de mer. Ce mélange se produit par le mouvement désordonné et chaotique de l’eau à petite échelle, qu’on appelle la turbulence. Pourtant, c’est ce mélange qui est à l’origine de cette valse entre les eaux de surfaces et les eaux profondes. En particulier, c’est la turbulence qui dicte la fonte basale de la plate-forme, qui alimente en eau peu salée et froide les eaux de surface, puis l’intensité de la plongée de ces eaux de surface, chargées en sel, par gravité.

Prédire le taux de fonte basale des plates-formes glaciaires nécessite de savoir si l’eau de fonte, froide, reste en contact avec la glace pour former une couche isolante ou si, au contraire, elle est évacuée au fur et à mesure de la fonte et fait place à une eau océanique plus chaude. Et cela dépend de nombreux paramètres : la salinité, la température, la turbulence océanique et la géométrie de la plate-forme.

Prenons l’exemple d’une plate-forme glaciaire plate, flottant sur une masse d’eau chaude salée au repos. L’eau chaude transfère sa chaleur à la glace par diffusion, qui se met à fondre. L’eau de fonte étant plus douce, elle est moins dense et reste prise en sandwich entre le toit formé par la plate-forme et l’océan salé. Elle remplit ici effectivement son rôle d’inhibiteur de la fonte. Mais si on ajoute un courant marin suffisamment puissant, alors le mélange des deux masses d’eau est activé par turbulence et cette couche protectrice disparaît. De même, si la plate-forme glaciaire n’est plus plate mais inclinée, alors l’eau de fonte va se mettre à remonter le long de la pente du fait de sa légèreté et là encore exposer directement la glace à la chaleur de l’océan.

La plongée d’eau dense (salée) est similairement difficile à prédire car la turbulence peut jouer dans les deux sens. D’une part, un mélange vertical peut entraîner vers le bas la couche d’eau froide superficielle. D’autre part un mélange latéral – toujours par turbulence – des eaux de surface avec des eaux moins denses au large pourrait les alléger et empêcher leur plongée profonde.

Trois approches pour comprendre la fonte au-dessous des plates-formes de glace

Certaines études se concentrent sur la collecte de données de terrain, en réalisant des bilans de masse par observations satellites ou en allant sur place pour sonder la salinité, la température et la vitesse des courants sous les plates-formes glaciaires. Ces expéditions sont coûteuses et donnent accès à des informations éparses mais sont capitales pour connaître la réalité de terrain en Antarctique.

Au Laboratoire de Physique de l’ENS de Lyon, nous tentons de reproduire et compléter ces observations en réalisant des simulations numériques haute résolution, en fournissant alors une prédiction du comportement des plates-formes et des écoulements associés. Cependant, certains phénomènes sont encore trop coûteux numériquement pour être résolus. C’est pourquoi nous développons aussi des expériences physiques, dans l’environnement contrôlé du laboratoire pour isoler et étudier ces phénomènes.

Les auteurs : Louis Saddier, Doctorant en physique du climat, ENS de Lyon ; Brivaël Collin, Doctorant en mécanique des fluides, ENS de Lyon ; Louis-Alexandre Couston, Enseignant-chercheur en mécanique des fluides et océanographie polaire, ENS de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original :

The Conversation


Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la science (qui a lieu du 4 au 14 octobre 2024), et dont The Conversation France est partenaire. Cette nouvelle édition porte sur la thématique « océan de savoirs ». Retrouvez tous les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.The Conversation

 

Sève et Sens

SSève et Sens

©Sève et Sens

Pour découvrir quelques petites histoires secrètes de plantes, venez donc écouter le podcast Sève et Sens. Traversant les âges et leurs mythes, passant par leurs usages médicaux, religieux, ou quotidiens, partons ensemble dans ce tour du monde quelque peu éthnobotanesque !

Qu’est-ce que l’ethno-botanique ?

Le Museum d’Histoire Naturelle de Paris la définit comme « l’une des branches de l’ethnobiologie : elle correspond à la science de l’Homme étudiant les interrelations des sociétés humaines avec leur environnement, et se concentre sur les plantes connues, nommées et utilisées par les Hommes ».

L’origine de Sève et sens

Doctorante en 1e année en biologie végétale et passionnée par les plantes en tout genre, j’ai récolté au gré du vent et des voyages, une multitude d’anecdotes végétales croustillantes à partager.  J’ai traversé les terres tropicales de Thaïlande, puis du Laos où je me suis familiarisée avec l’éthno-botanique.

Ainsi, ces mois d’expédition, d’échanges et de réflexions ont porté leurs fruits (et leurs fleurs) pour aboutir à une série de podcasts qui parlent de plantes.

Avec ces podcasts, de 10 à 20 min, chacun explorant une plante, je partage des légendes, des symboles, des utilisations des plantes. Je fais également découvrir le travail de scientifiques en histoire, en art, en biologie, ce qui permet aussi de sensibiliser aux questions écologiques.

@evou_dessine

 

 

> Écouter les podcasts :

Sève et sens – Les Podcasts

> Pour en savoir plus :

Sève et sens – Le blog

Écoute gratuite sur Spotify et Youtube.

Collaborateur.ice.s :

@bleu_bachir |Compositeur du jingle du podcast

@evou_dessine_unpeu | Illustratrice du podcast

Sève et Sens

SSève et Sens

©Sève et Sens

Pour découvrir quelques petites histoires secrètes de plantes, viens donc écouter le podcast Sève et Sens. Traversant les âges et leurs mythes, passant par leurs usages médicaux, religieux, ou quotidiens, partons ensemble dans ce tour du monde quelque peu éthnobotanesque !
J’espère que tu y prendras goût !

Qu’est-ce que l’ethno-botanique ?

Le Museum d’Histoire Naturelle de Paris la définit comme « l’une des branches de l’ethnobiologie : elle correspond à la science de l’Homme étudiant les interrelations des sociétés humaines avec leur environnement, et se concentre sur les plantes connues, nommées et utilisées par les Hommes ».

L’origine de Sève et sens

Doctorante en 1e année en biologie végétale et passionnée par les plantes en tout genre, j’ai récolté au gré du vent et des voyages, une multitude d’anecdotes végétales croustillantes à partager.  J’ai traversé les terres tropicales de Thaïlande, puis du Laos où je me suis familiarisée avec l’éthno-botanique.

Ainsi, ces mois d’expédition, d’échanges et de réflexions ont porté leurs fruits (et leurs fleurs) pour aboutir à une série de podcasts qui parlent de plantes.

@evou_dessine

Avec ces podcasts, de 10 à 20 min, chacun explorant une plante, je partage des légendes, des symboles, des utilisations des plantes. Je fais également découvrir le travail de scientifiques en histoire, en art, en biologie, ce qui permet aussi de sensibiliser aux questions écologiques.

>> Les épisodes : 

>> Pour en savoir plus et écouter les podcasts :

Sève et sens

Écoute gratuite sur Spotify et Youtube.

Collaborateur.ice.s :

@bleu_bachir |Compositeur du jingle du podcast

@evou_dessine_unpeu | Illustratrice du podcast

 

Que sait-on du travail ? Les apports des sciences sociales pour comprendre le travail

QQue sait-on du travail ? Les apports des sciences sociales pour comprendre le travail

©DR

Conditions de travail, qualité des emplois, choix managériaux et d’organisation, santé et sens du travail : les apports des sciences sociales à la compréhension de la situation du travail en France.

Présentations et discussions autour de l’ouvrage Que sait-on du travail ? paru aux Presses de sciences Po

Le travail en France a fait l’objet de nombreuses recherches en sciences sociales, qui permettent d’établir de façon précise ce que nous savons en matière de qualité du travail, de sens du travail, de conditions de travail, d’organisation du travail, de management, de démocratie au travail, de santé au travail…ces résultats peuvent également servir de base pour des pratiques d’entreprises plus respectueuses du bien-être des salariés et pour des politiques en faveur de la qualité de l’emploi et du travail, afin d’améliorer la soutenabilité du travail tout au long de la vie.

L’ambition de l’ouvrage Que sait-on du travail ?, publié aux Presses de Science Po en octobre 2023, est précisément de mettre à disposition ces apports afin de nourrir le débat le débat et de développer des pratiques et politiques innovantes dans ce domaine.

L’événement réunira plusieurs auteurs et autrices de l’ouvrage, issus de différentes disciplines (économie, sociologie, science politique, ergonomie…) qui présenteront leurs contributions portant sur la qualité du travail et de l’emploi, le management et l’organisation du travail, la soutenabilité du travail, le rapport au travail, les politiques de l’emploi…

Intervenants :

  •    Dominique Méda, sociologue, sur la crise du travail en France ;
  •    Laurent Cappelletti, gestionnaire, sur le management de proximité ;
  •    Juan Sebastian Carbonell, sociologue, sur le travail dans l’industrie automobile ;
  •    Catherine Delgoulet, ergonome, sur les pénibilités et la soutenabilité du travail ;
  •    Christine Erhel, économiste, sur la qualité de l’emploi et les métiers essentiels ;
  •    Bernard Gazier, économiste, sur les jeunes NEETs en France ;
  •    Bruno Palier, politiste, sur les stratégies du low cost à la française.

Discutants :

  • Thomas Fontaine, Keolis ;
  • Bernard Laurent, Professeur à la EM Lyon, IRES ;
  • Sophie Hatte, ENS de Lyon, CERGIC.

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site : 

ENS DE LYON

L’alpinisme, un loisir qui a toujours été élitiste | The Conversation

LL’alpinisme, un loisir qui a toujours été élitiste | The Conversation

Le youtubeur Inoxtag est en pleine tournée médiatique pour promouvoir le documentaire racontant son ascension de l’Everest. Un exploit sportif pour certains, une pratique privilégiée pour d’autres. L’occasion de revenir sur les origines de l’alpinisme, pratique qui a pris son essor au sein de la bourgeoisie anglaise du 19e siècle.

C’est presque impossible de l’ignorer. Le youtubeur français Inoxtag, 22 ans, a gravi l’Everest. Il le raconte dans un documentaire d’abord diffusé en salles, où il a comptabilisé 340 000 entrées en 24 heures seulement, puis mis en ligne sur sa chaîne YouTube, où il a déjà été visionné vingt millions de fois.

Si le jeune homme assure vouloir promouvoir le dépassement de soi à travers le récit de son ascension, certains commentateurs n’ont cependant pas manqué de critiquer le fort coût économique comme écologique que représente l’ascension de l’Everest.

Alors l’alpinisme est-ce un goût de l’effort ou bien un simple loisir d’hommes riches et privilégiés ? Regardons un peu comment cette discipline est née afin d’y voir plus clair.

Les précurseurs : des bourgeois de l’Angleterre victorienne

L’esprit de l’alpinisme a été forgé dans l’Angleterre victorienne de l’Alpine Club, le premier club alpin au monde, créé en 1857, près de vingt ans avant son équivalent français, le CAF (Club alpin français).

Des membres de l’Alpine club à Zermatt, dans les Alpes suisses, en 1864. | © Wikimedia

Même si cela peut paraître surprenant au vu de la topographie britannique, ce sont bien des bourgeois anglais, à la pointe de l’alpinisme (dans les Alpes, mais aussi dans le Caucase ou l’Himalaya) jusqu’à l’entre-deux-guerres, qui lui ont donné ses codes et ses valeurs.

Pourquoi l’Angleterre ? Plusieurs facteurs se conjuguent pour y expliquer la naissance de l’alpinisme : un contexte de paix intérieure (quand la France est marquée par des troubles politiques), l’apparition d’une nouvelle classe bourgeoise issue de la révolution industrielle, férue d’exploration et abreuvée de l’idéologie impérialiste de l’époque ; mais aussi marquée par des valeurs sportives inculquées dans les écoles et universités destinées aux garçons des élites sociales, aux « gentlemen ». En effet, le sport moderne apparaît en Angleterre à la même époque.

Le développement des transports favorise dans un premier temps l’arrivée de ces conquérants d’un genre nouveau dans les Alpes, dont ils escaladent la grande majorité des sommets vierges pendant leurs congés estivaux, car la plupart travaillent – comme hommes d’affaires, avocats ou juges, professeurs, médecins, toutes ces professions prestigieuses de l’époque.

Ils se tourneront ensuite vers des massifs plus éloignés où ils chercheront, là encore, à « faire des premières ». Parmi eux l’Everest, dont l’accès est fermé aux autres nations pendant les années 1920 et 1930, période intense d’expéditions britanniques (infructueuses) sur la montagne.

Aujourd’hui encore, en Angleterre comme en France, les alpinistes sont issus de milieux qui restent globalement favorisés, malgré une démocratisation de la pratique depuis ses débuts élitistes.

Une pratique élitiste

L’esprit de cette pratique recoupe ainsi les valeurs et idéologies de ces hommes de la bonne société, dont le club est non seulement resté longtemps fermé aux hommes des classes moyennes et populaires, mais aussi aux femmes… jusqu’en 1974 en ce qui concerne l’Alpine Club.

Au premier rang de ces valeurs, on retrouve le fair-play, appris par la pratique du sport, et qui consiste dans l’alpinisme à se battre de manière loyale, « à armes égales », contre l’adversaire (la montagne) en faisant en sorte que l’issue du combat (atteindre le sommet ou non) ne soit pas jouée d’avance. Pour cela, on restreint le recours à certaines aides artificielles : pitons, oxygène, etc. L’éthique actuelle de l’alpinisme conduit toujours à préférer des ascensions avec le moins d’appuis possibles, comme le « style alpin » en Himalaya.

On retrouve également la défense d’un idéal d’exploration et de conquête, toujours très présents de nos jours dans l’idée que le grand alpinisme doit ouvrir des itinéraires ou des sommets nouveaux (voir par exemple l’exploit inédit des 14 sommets de 8000 mètres en moins d’un an, réalisé en 2019.

Les qualités viriles et masculines sont valorisées dans l’esprit de l’alpinisme originel – c’est une dimension qui apparaît dans le taux encore très faible de femmes parmi les grands alpinistes. En France, elles représentent moins de 5 % des guides et moins de 10 % des membres des clubs les plus sélectifs.

Sans oublier la dimension risquée et incertaine de l’alpinisme, vu depuis toujours davantage comme une aventure que comme un simple sport.

Le refus d’un alpinisme commercial et même, pour les puristes, professionnel, est également à noter. Suivant cette perspective centrée sur l’amateurisme, qui était celle des premiers alpinistes, le simple fait de pratiquer pour de l’argent excluait les guides de l’alpinisme, quand bien même ils étaient respectés « sportivement » par leurs employeurs.

De là découle aussi un rejet de l’autopromotion et de la médiatisation, considérées comme vulgaires et indignes d’un gentleman.

Ce retour en arrière, aux origines d’un « esprit de l’alpinisme » qui, malgré des évolutions, continue de marquer la manière dont on considère le grand alpinisme aujourd’hui, peut expliquer les débats qui entourent l’ascension d’Inoxtag et, plus souvent que l’inverse, les critiques qui s’élèvent à son égard de la part d’alpinistes appartenant à l’élite de ce sport.

Pour ces derniers, le youtubeur n’a en rien réalisé un exploit. L’ascension de l’Everest par sa voie normale, encadré par des Sherpas et en faisant usage de l’oxygène artificielle et des cordes fixes ancrées sur la paroi, n’est plus considérée comme une ascension difficile depuis une cinquantaine d’années, en témoigne la foule qui se presse au sommet les jours d’affluence, jusqu’à créer des embouteillages. S’il faut néanmoins être en bonne condition physique, pour plusieurs dizaines de milliers d’euros (le prix dépend de la prestation fournie), on peut être emmené par des professionnels au sommet de l’Everest. Le « business » de l’himalayisme est souvent l’antithèse du grand alpinisme.

En effet, aujourd’hui, un exploit dans l’Himalaya consisterait, par exemple à réaliser une ascension nouvelle, c’est-à-dire jamais réalisée auparavant, sans oxygène, sans Sherpa, en « style alpin » (sans corde fixe et en bivouaquant dans la voie), c’est-à-dire dans le respect des principes éthiques – le fair-play – du « grand alpinisme » actuel.

Dans ce contexte, la médiatisation de l’ascension d’Inoxtag, et la méprise qu’elle peut occasionner parmi son public sur ce qu’est le grand alpinisme, fait grincer des dents les himalayistes qui réalisent ce type d’ascensions, bien moins médiatisées et rémunératrices, et plus généralement une élite de l’alpinisme qui en maitrise les codes plus que centenaires.The Conversation

>> L’auteure :

Delphine Moraldo, Sociologue, ENS de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original :

The Conversation 

Le génie végétal au service des villes

LLe génie végétal au service des villes

« Dis Pourquoi ?«  est une chronique de vulgarisation scientifique de 5 minutes diffusée chaque mardi sur RCF Lyon à 11h50. Dis Pourquoi ? questionne et explore notre univers par les sciences. Chaque semaine, une ou un scientifique répond aux questions et dévoile ses travaux de recherche.

> Émission du 2 juillet 2024

On connaissait le génie civil, au service des infrastructures et de la construction : et si le génie végétal s’invitait comme alternative ? Il utilise les végétaux et leurs propriétés pour aménager les paysages, notamment les berges. Explications de Marylise Cottet-Tronchère, chercheuse en géographie sociale de l’environnement à l’ENS de Lyon et au laboratoire Environnement Ville Société, membre du comité scientifique du numéro 13 du Pop’Sciences Mag « Ville et vivant, une question d’équilibres » de l’Université de Lyon, paru en juin 2024.

Écoutez le podcast :

>> Écouter les podcasts des autres intervenants Pop’Sciences :

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :

RCF Lyon

PPour aller pus loin

Les oiseaux, victimes collatérales de l’intensification agricole en Europe | The Conversation

LLes oiseaux, victimes collatérales de l’intensification agricole en Europe | The Conversation

Le bruant proyer (Emberiza calandra) a vu sa population décliner en Europe, comme d’autres espèces liées aux milieux agricoles. | ©Luiz Lapa / Flickr, CC BY

Les alarmes de la communauté scientifique sur les effets de l’emploi des pesticides sur la santé humaine et la disparition de nombreuses espèces dans les milieux agricoles s’accumulent depuis un demi-siècle. Le travail pionnier de Rachel Carson annonçait dès 1962, des « printemps silencieux » provoqués par le déclin des oiseaux, victimes collatérales des pesticides via l’empoisonnement des milieux et la disparition des insectes.

En cause, un modèle agricole reposant sur une industrialisation toujours plus poussée pour rester compétitif sur le plan international ayant massivement recours aux pesticides. Un modèle toujours plus dominant en France, où les exploitations sont de moins en moins nombreuses (-40 % depuis 2000) et de plus en plus grandes (leur surface moyenne a été multipliée par quatre depuis les années 1960).

Conséquence : la surface agricole couverte par des fermes à forte utilisation de pesticides et d’engrais n’a cessé d’augmenter. Si bien que seuls 17 % des sols en Europe ne sont pas contaminés par des pesticides. Depuis 2009, plus de 300 000 ha de terres agricoles, souvent fertiles, ont disparu sous le bitume.

Au-delà des constats inquiétants et des prophéties, dispose-t-on de preuves scientifiques tangibles et sans équivoque de la dangerosité de ce modèle de production agricole pour le vivant à l’échelle européenne ?

De la difficulté à expérimenter sur le vivant en conditions réelles

L’expérimentation semble à première vue un procédé idéal. Par exemple, faites manger des graines enrobées de pesticides à des moineaux, et ils seront en moins bonne forme. Soit. Le procédé a de grandes chances de fonctionner.

Mais, hors du laboratoire, lorsque les variables ne sont plus directement contrôlables par le chercheur, on entre dans un monde complexe où les processus sont causés par de multiples facteurs enchevêtrés. Dans ces conditions, comment construire la preuve de l’effet d’un facteur en particulier sur la santé ou l’environnement ?

Pour s’affranchir de cette difficulté, la méthode scientifique peut toujours s’appuyer sur des protocoles et des variables de contrôle. Ainsi, l’effet des substances que l’on suppose problématiques et de tous les autres facteurs ayant un effet potentiel ne sera pas manipulé expérimentalement, mais étudié statistiquement.

Car, s’il est déjà un peu brutal de faire manger des pesticides de force à des oiseaux, il est encore plus absurde d’imaginer pouvoir tout expérimenter. On pourra plutôt vérifier si l’emploi d’une quantité croissante de pesticides se manifeste dans le temps par une baisse de la quantité d’insectes. En d’autres termes, on abordera la question sous un angle épidémiologique.

Il y a pourtant un piège. On pourra toujours supposer que ce ne sont pas les pesticides qui sont en cause mais le stress, la pollution de l’air, la sécheresse ou toute variable qui influencerait de près ou de loin le système étudié.

Il fallait donc se donner les moyens d’y voir plus clair. C’est ce que nous avons réalisé avec une équipe de 50 chercheuses et chercheurs dans une étude à ciel ouvert publiée en mai 2023. Notre motivation était de vérifier si une pression dominait sur les autres, et si oui laquelle, pour expliquer le déclin des populations de nombreuses espèces d’oiseaux en Europe.

L’ampleur inédite de l’hécatombe dans les milieux agricoles

Il fallait tout d’abord mettre un chiffre sur ce déclin. Grâce au travail assidu de nombreux ornithologues bénévoles qui ont reproduit chaque année le même protocole de suivi dans 28 pays européens, un jeu de données exceptionnel a pu être constitué, couvrant la période allant de 1980 à 2016. C’était une étape essentielle : partir des oiseaux eux-mêmes dans leurs habitats, pas seulement d’une expérience sur quelques individus isolés en laboratoire.

L’étude a permis de suivre 170 espèces différentes, avec des populations en liberté et subissant de plein fouet les pollutions, le changement climatique, les pratiques de chasse, le dérangement ou encore le risque de prédation.

Loin de nous limiter aux milieux agricoles, nous nous sommes intéressés à tous les habitats : forêts, villes, montagnes, milieux ouverts ou non, cultivés ou non… En résumé, nous sommes allés ausculter l’état de santé des oiseaux européens, sans filtre.

Un Pic vert cherchant des fourmis au sol. | © Hedera.Baltica/Flickr, CC BY-SA

Résultat ? Les oiseaux ont perdu un quart de leur abondance en Europe entre 1980 et 2016, soit 800 millions d’individus sur la période, 20 millions par an en moyenne. Une hécatombe, pourtant sans surprise : les oiseaux doivent composer avec les modifications profondes qu’ont connu les paysages et les modes de vie au cours du XXe siècle.

Toutes les espèces d’oiseaux ne sont pas affectées de la même manière.

  • Par exemple, les oiseaux vivants dans les milieux forestiers ont perdu 18 % de leurs effectifs ;
  • Ceux des milieux urbains, 25 %,
  • Ce qui est surprenant en revanche c’est l’intensité du déclin, spectaculaire, des oiseaux des plaines agricoles : leur effectif a chuté de 57 % !

Un record peu enviable : c’est l’une des baisses les plus spectaculaires jamais enregistrées à cette échelle pour des organismes vivants.

Prouver le lien entre intensification agricole et déclin des oiseaux

Il fallait aller plus loin pour comprendre à quoi attribuer ce déclin. Or, nous avions à disposition les données idéales pour tester si le climat, les changements d’habitats et le modèle agricole industriel pouvaient être tenus responsables.

Imaginons un instant : dans un lieu précis, par exemple au bord d’un champ de colza, un ou plusieurs ornithologues ont compté chaque année, avec la même méthode, le nombre d’oiseaux. Et, précisément, pour cette année et cet endroit, nous avons aussi à disposition des données comme l’expansion des surfaces en agriculture intensive, l’évolution des températures, de l’étalement des sols artificialisés, ou encore les variations du couvert forestier.

C’est ce procédé, répété sur des milliers de sites dans les 28 pays étudiés, au cours de plusieurs décennies, qui a permis de construire la base de données la plus complète, la plus précise, jamais collectée de suivi d’espèces sauvages en Europe.

Cela nous a permis de faire le lien statistique entre devenir des oiseaux et ces multiples pressions, et de construire un deuxième résultat fort : le déclin des espèces coïncide avec l’augmentation de l’intensification des pratiques agricoles. Dans les environnements dans lesquels l’agriculture industrielle est plus présente, et cela, quels que soient le climat et les autres conditions, les oiseaux déclinent plus vite.

Nous étions toutefois conscients d’un autre piège possible : que ce lien ne soit qu’une simple coïncidence attribuable au hasard. Or, ce n’est pas le cas. Nos analyses montrent que nous ne sommes plus dans le domaine de la corrélation, mais du lien sans équivoque.

Un dernier résultat nous a permis d’ajouter une brique supplémentaire à notre compréhension de la situation : les espèces qui se nourrissent préférentiellement d’insectes, éradiqués par les pesticides, sont encore plus impactées que les autres espèces.

Réchauffement et artificialisation des sols également en cause

Bien entendu, l’intensification des pratiques agricoles n’est pas le seul facteur des déclins observés. Le changement climatique, notamment l’élévation des températures, constitue une deuxième pression importante.

Une mésange boréale (Poecile Montanus) en plein vol. | © Estormiz/Wikimedia

  • Les espèces septentrionales, adaptées aux milieux froids (comme la Mésange boréale, qui a décliné de 79 %), remontent vers le nord et voient leurs populations décliner fortement avec l’augmentation des températures.
  • À l’inverse, d’autres espèces adaptées aux milieux chauds (comme la Fauvette mélanocéphale, dont la population augmente) peuvent en profiter.

Le martinet noir ne se pose que pour couver ses œufs, généralement dans des bâtiments en pierre de grande hauteur. | © Pierre-Marie Epiney/Flickr, CC BY-SA

L’étalement des zones artificialisées se fait aussi aux dépens des oiseaux, incapables de vivre dans des milieux minéraux et pollués, et dont l’habitat se fragmente.

Même les espèces capables de nicher en milieu urbain sont en recul (comme le Martinet noir, dont les populations ont chuté de 17 %), notamment face au manque de sites disponibles sur les constructions modernes et à la faible abondance d’insectes dans ces milieux.

Enfin, le retour du couvert forestier en Europe, encore récent, et souvent le fait de plantations, ne suffit pas à enrayer le déclin des espèces dépendantes de forêts naturelles.

Semer le doute… et gagner du temps ?

Des résultats qui devrait nous inciter à réduire drastiquement notre recours aux pesticides. Mais pour les défenseurs de l’agrochimie, le niveau de preuve apporté par la science n’est jamais assez grand.

Une situation qui rappelle celles de l’amiante, du tabac, ou même l’action des producteurs d’énergie fossile pour retarder la prise de conscience climatique.

Plusieurs pétroliers, dont Shell, avaient prédit le risque de crise climatique des décennies dès les années 1980. | © Mike Mozart/Flickr, CC BY

Toutes ces industries ont mis à profit la difficulté inhérente à la construction d’une preuve scientifique afin de gagner du temps, perpétuer le doute, maintenir leur réputation ainsi que leurs profits. L’entretien du doute est ainsi devenu stratégique.

Au point que les industriels se sont désormais imposés comme référence scientifique auprès des agences de contrôle, notamment en Europe.

Il est devenu irresponsable de minimiser l’effet du modèle agricole industriel et de ses pesticides et de se cacher derrière de prétendus biais, manque de recul ou supposée absence d’alternatives, qui existent pourtant.

L’utilisation généralisée de pesticides a un coût social et économique considérable, qui ne se répercute d’ailleurs pas sur les prix dès lors que leur emploi demeure encouragé et subventionné. Sur le plan de la santé humaine, leurs effets sont de mieux en mieux documentés.

Tout devrait pousser à changer ce modèle de production. Comment peut-on se satisfaire de qualifier de « conventionnelle » une agriculture incompatible avec le maintien de la santé des humains et des non-humains ?

Les changements nécessaires ne peuvent reposer seulement sur la bonne volonté d’agricultrices et d’agriculteurs empêtrés dans un modèle industriel conçu par et pour l’agro-industrie et inscrit dans un modèle d’exportation régulé par la spéculation ou la recherche du prix le plus faible.

Ce sont des changements transformateurs dans notre manière d’habiter le monde, de produire et de consommer qui sont nécessaires. Les outils politiques devraient être des leviers capables d’amorcer cette transformation, plutôt que de maintenir « quoi qu’il en coûte » un modèle en bout de course.

Il est urgent que les décideurs, aux échelles européenne, nationale et locale, regardent enfin en face les ravages d’une certaine agriculture chimique dépassée qui détruit la vie, piège les paysans et les paysannes et se moque des consommateurs.


Science et Société se nourrissent mutuellement et gagnent à converser. La recherche peut s’appuyer sur la participation des citoyens, améliorer leur quotidien ou bien encore éclairer la décision publique. C’est ce que montrent les articles publiés dans notre série « Science et société, un nouveau dialogue », publiée avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.The Conversation

> Les auteurs : Vincent Devictor, Directeur de recherche en écologie, Université de Montpellier, Stanislas Rigal, Postdoctorant en biologie de la conservation, ENS de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original :

The Conversation

Club de mathématiques discrètes

CClub de mathématiques discrètes

La Maison des mathématiques et de l’informatique de Lyon, Animath et l’IREM de Lyon en collaboration de l’ENS de Lyon et l’Institut Camille Jordan vous propose une nouvelle activité.

Tu aimes les mathématiques et les défis qu’elles posent ? Tu jubiles à résoudre des problèmes ? Tu cherches des énoncés, méthodes et solutions et tu souhaites aller plus loin dans cette voie ? Tu dois sûrement te demander : «Mais pourquoi n’y a-t-il pas des clubs, des conservatoires ou des classes de maths comme il y a des classes musicales ou sportives».

Rejoins-nous ! Rejoins le Club de Mathématiques Discrètes de Lyon. Tu peux commencer à tout moment, même en cours d’année. Notre club s’adresse surtout aux collégiens (à partir de la cinquième) et lycéens de l’Auvergne-Rhône-Alpes, mais tous les jeunes matheux sont les bienvenus. Il s’agit de pratiquer les mathématiques comme un loisir.

Trois niveaux sont en général proposer, permettant à toutes et à tous de commencer facilement, même en cours d’année :

  • Groupe débutant pour des collégiens | cinquième – troisième
  • Groupe intermédiaire
  • Groupe avancé

>> Pour plus d’information, rendez-vous sur le site :

Club de mathématiques

 

Ce que les cimetières disent de notre rapport au vivant | The conversation

CCe que les cimetières disent de notre rapport au vivant | The conversation

Fermez les yeux et imaginez un cimetière. Comment est-il ? Pour certains, ce sera de vieilles tombes recouvertes de mousses entourées de feuilles mortes d’où jaillit parfois un écureuil… Pour d’autres ce sera un alignement de tombes de granit rutilantes séparées par un gazon finement coupé, d’autres encore imaginent un endroit où reposent les morts et voguent les vivants, ici un passant, plus loin, une poussette…

Notre vision du cimetière dit beaucoup de notre rapport à la mort comme à la nature, et l’espace du repos éternel de nos morts est ainsi devenu, ces dernières années, un terrain de bataille idéologique.

Car depuis 2022, les cimetières, comme le reste des espaces publics, ne peuvent plus être désherbés avec des pesticides, ce qui a conduit certaines communes à entamer une réflexion de fond sur la place à accorder à la nature dans les cimetières communaux.

Le cimetière gris : les raisons d’un désamour

En la matière, les cimetières français sont déjà fort atypiques.

La meilleure façon de s’en rendre compte est sans doute d’aller voir ailleurs, pour saisir toute la spécificité du modèle national. Au regard de leur équivalent britannique ou américain, dominé par de vastes prairies ou d’intimes bosquets, le paysage des cimetières français est remarquablement ouvert et minéral, marqué par la ligne régulière des monuments de pierre et de granit. La nature y occupe une place bien délimitée, entre pelouse savamment tondue, chrysanthèmes posés sur les tombes et quelques arbres persistants, qui ne perdent pas leur feuillage en hiver.

Mais l’émergence de nouvelles sensibilités esthétiques, écologiques et anthropologiques met aujourd’hui les municipalités, principales gestionnaires de ces espaces, et responsables de l’entretien de leurs parties publiques, en face d’un choix : perpétuer des pratiques de désherbage et d’entretien intensif, au prix d’un important coût en main-d’œuvre, ou repenser fondamentalement la place du vivant dans les cimetières communaux.

Un cimetière anglais (Londres) et un cimetière français (Bouches-du-Rhône). Viv Lynch/Flickr et TCF, ©CCBY

Maintenir le cimetière dans cet idéal de pelouse rase et de feuilles mortes balayées est cependant une lubie relativement récente. Jusque dans les années 1960, dans les grands centres urbains, la majorité des inhumations se fait en terrain général sans monument funéraire – autrement dit, dans des concessions de courte durée, marquées par une stèle le plus souvent en bois. Mais avec l’émergence d’un marché low-cost de la sépulture funéraire grâce au ciment, au béton et au granit, lequel est aujourd’hui principalement importé d’Inde et de Chine, les cimetières français se couvrent de pierre, et les prairies disparaissent peu à peu.

Dessin à la plume et lavis de 1829 par Christophe Civeton représentant le Père-Lachaise. La végétation est plus spontanée, et la fréquentation très libre. © Gallica

Dans les dernières décennies du XXe siècle, la généralisation de l’utilisation des pesticides par les municipalités achève de débarrasser les cimetières de toute trace de végétation spontanée, pour n’y conserver qu’une nature d’agrément. Si les arbres et arbustes conservent droit de cité, l’herbe, synonyme de saleté et d’ensauvagement, y est activement éradiquée ; et les fleurs en plastique ou en porcelaine de se répandre sur les tombes, assurant la présence réconfortante de la végétation sans besoin aucun d’entretien.

Chemin en cours d’enherbement à Chassieu. Dans les allées, le passage des machines et le piétinement compliquent une pousse homogène, ce qui génère d’autant plus de plaintes. ©Louis Dall Aglio, Fourni par l’auteur

Au début du XXIe siècle, cependant, l’émergence d’interrogations politiques quant à la place de la nature en ville n’épargne pas les cimetières. En 2016, la loi Labbé interdit à terme l’utilisation des pesticides dans les espaces publics. Dans les grands centres urbains, les cimetières se mettent alors à représenter des espaces potentiels de biodiversité au sein de territoires largement anthropisés.

Les allées goudronnées, autrefois garantes de propreté, se retrouvent déconsidérées au regard des problématiques de ravinement et de désimperméabilisation des sols. Enfin, le caractère systématique du désherbage du cimetière, très chronophage pour des équipes communales ayant parfois été réduites de moitié au cours des 20 dernières années, est progressivement réévalué et souvent abandonné au profit de pratiques différenciées en fonction des espaces et des périodes de l’année. Si le soufflage reste de mise, en particulier dans les cimetières où les arbres à feuillage persistant impliquent un travail régulier, le choix de végétaliser permet dans certains cas de réduire le temps consacré à la tonte.

Ces évolutions ne se font pas sans heurts et les agents municipaux rapportent des réactions parfois spectaculaires de la part des usagers ; ainsi un agent rapportait avoir été invectivé sur l’état d’un cimetière en cours de végétalisation : « Les gens viennent, et me disent : vous êtes en dessous de tout, c’est inadmissible, je n’enterrerais pas mon chien ici. »

Dans le même temps, l’évolution des rites funéraires semble confirmer la perte de domination du granit dans le paysage. La pratique, toujours en augmentation, de la crémation, qui concerne jusqu’à la moitié des décès en milieu urbain, entretient des liens privilégiés avec l’imaginaire végétal au travers des Jardins du Souvenir, lieux aménagés au sein des cimetières pour la dispersion des cendres. Des groupes d’intérêt se constituent également pour demander la mise à l’agenda politique de discussions autour de pratiques comme l’humusation, c’est-à-dire la transformation du corps mort en terreau fertile.

Le Jardin du Souvenir du cimetière de la Guillotière, un des plus anciens de France, ouvert en 1982. © Louis Dall Agio, Fourni par l’auteur

Entre cimetière gris et vert, les communes à la recherche d’un équilibre

Entre le cimetière gris hérité du XXe siècle et le cimetière vert qui semble émerger, trois points de tension apparaissent : celui de la diversification des publics, des pratiques contradictoires d’aménagement et des évolutions de la biodiversité.

Au niveau des publics, la possible transformation des cimetières en espaces verts urbains pose la question de la rencontre entre des publics venus rendre hommage à leurs défunts et des publics venus chercher un cadre amène pour des pratiques de loisirs. Les cimetières français consacrent en l’état une vocation mélancolique à l’espace funéraire ; ainsi, dans la Métropole lyonnaise, un quart des communes interdisent au cimetière « toute réunion n’ayant pas pour objet une cérémonie funéraire » dans leurs règlements intérieurs. Dans le même temps, des initiatives comme le Printemps des Cimetières, équivalent funéraire des Journées du Patrimoine créé en 2017 en région Auvergne-Rhône-Alpes, semblent vouloir réconcilier les populations avec un espace qu’elles ne fréquentent parfois jamais, malgré leur place parfois importante au sein de la ville : à Paris, les cimetières intra-muros occupent ainsi 99 hectares, soit un peu moins d’un cinquième de la surface occupée par les parcs et jardins intramuros.

Concernant les pratiques d’aménagement, la végétalisation des allées principales ou secondaires des cimetières met en tension les impératifs réglementaires, budgétaires ou écologiques des communes et la perception que certains usagers ont de la végétation spontanée. La présence de ces « mauvaises herbes », voire de ces « herbes folles », trahit pour certains usagers une absence de soin apporté à l’espace public, et, par extension, une absence de soin apporté aux défunts. En réponse à la végétalisation des allées, certains usagers pratiquent alors une minéralisation sauvage, une guérilla grise consistant à désherber voire engravilloner eux-mêmes des allées ou des intertombes dont l’entretien est jugé défaillant, ce qui complique en retour le travail de tonte. Dans le même temps, l’entretien des concessions, très inégal en fonction des familles, participe à la création d’un paysage embrouillé, où les monuments lavés à grandes eaux côtoient les ruines envahies par le lierre. Et si les municipalités restent ultimement propriétaire des terrains, et procèdent à leur reprise une fois la concession échue, elles ne peuvent y intervenir pour assurer elles-mêmes un entretien jugé défaillant.

La presse locale se fait souvent le relais des controverses liées à la végétation. © Louis Dall Agio, CC BY

Enfin, la question des formes prises par le vivant au cimetière est également l’objet d’interrogations. Si le cimetière minéral peut être considéré comme un désert biologique, il ne faut pas oublier que les déserts mêmes possèdent leur biodiversité. En France, certaines espèces végétales exotiques friandes de roche et de chaleur, comme l’ailante, certains animaux nocturnes comme les chats, ont ainsi progressivement fait des cimetières leurs royaumes. La transformation des cimetières en réservoir de biodiversité, voire, comme à Lyon, en refuges labellisés par la Ligue de Protection des Oiseaux, se heurte ainsi à la présence de ces espèces devenues parfois très chères aux usagers. Ainsi des chats errants, souvent nommés et nourris par les équipes communales elles-mêmes, dont la présence atténue l’intérêt des cimetières pour la biodiversité aviaire urbaine.

La question semble donc être celle d’une difficile réunification, entre les désirs d’une population attachée au caractère statique du paysage funéraire, à son caractère impeccable, évocateur d’éternité, et la nécessaire implication des cimetières dans les grandes évolutions contemporaines du rôle de la nature en ville. Ainsi pensée, la question devient donc celle d’un défi impossible, celui de produire un lieu qui soit à la fois de son temps et hors du temps.The Conversation

Rouge-queue noir au cimetière de la Guillotière. © Louis Dall Agio, Fourni par l’auteur

>> Auteur : Louis Dall’aglio, doctorant en géographie, ENS de Lyon

Cet article est republié sous licence Creative Commons.

>> Lire l’article original :

The Conversation