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À quoi servent les limites planétaires ? | The Conversation

ÀÀ quoi servent les limites planétaires ? | The Conversation

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les limites planétaires sans oser le demander, c’est justement le thème du webinaire proposé par The Conversation France.

Drôle de limites que les limites planétaires. On vous en parle généralement pour vous annoncer qu’on les a dépassées. Elles sont au nombre de neuf et nous permettent de penser la crise environnementale au-delà du seul changement climatique. Car elles fixent divers seuils au-dessus desquels les conditions de la vie sur terre sont sérieusement menacées. Mais quelles sont ces limites ? Comment les mesure-t-on ? Qu’est-ce que ce cadre de pensée permet ? Les limites planétaires ont-elles elles aussi des limites ?

Intervenants :

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The conversation

« Face à la transition écologique, nos sensations et émotions sont utiles. Elles expriment nos aspirations profondes »

«« Face à la transition écologique, nos sensations et émotions sont utiles. Elles expriment nos aspirations profondes »

Chiffres vertigineux, données du GIEC et de l’IPBES inquiétants, et éco-anxiété : dans une ère où l’utilitarisme déconnecte l’Humain de son environnement et où la vision occidentale privilégie la rationalité au détriment de la sensibilité, émerge un nouveau paradigme. Et si nos sens permettaient de mieux « préserver » et donner envie de « prendre soin de » ? 

Dans le cadre de la conférence Archipel, Thomas Le Guennic, professeur agrégé de sciences économiques et sociales au Centre des Humanités de l’INSA Lyon et Magali Ollagnier-Beldame, chargée de recherche en sciences cognitives, laboratoire ICAR UMR CNRS 5191, ont proposé un atelier « d’initiation à l’écologie sensible » ; un champ scientifique en émergence. Ils expliquent pourquoi il est intéressant de s’attarder sur l’équation suivante : homo sapiens = homo sensibilis

Pédagogie, recherche ou même politique publique, l’écologie sensible est une approche qui semble applicable à toute activité humaine. Comment la définiriez-vous ? 

TLG : Je dirais que c’est une approche qui permet de compléter toute connaissance théorique des relations entre les humains et les « autres qu’humains » vivant sur la Terre, à partir de la sensorialité et de la corporéité. Nous connaissons beaucoup de choses sur la nature grâce à la démarche scientifique, mais nous n’avons plus l’habitude, en tant que membres de sociétés occidentales, modernes et urbanisées, d’une approche sensible et émotionnelle de celle-ci. Par exemple, il y a plusieurs façons de percevoir un arbre : il peut représenter un organisme qui capte du Co2 ; il peut représenter un stock de planches ; ou il peut aussi être un être à part entière, qui a le droit de vivre pour lui-même. Il est très inhabituel pour nous, européens occidentaux, de ne pas considérer le vivant comme une ressource définie par son coefficient d’utilité plutôt que comme un être vivant égal à nous-même. Cette approche sensible de la nature est traditionnellement et magistralement portée par les arts, aujourd’hui encore au sein de nos sociétés. Ce qui prouve que nous n’avons pas totalement oublié et que la situation est plus riche et complexe. Ce dont nous avons certainement le plus besoin aujourd’hui est de mettre en relation ces perspectives. Par exemple que la contemplation esthétique de la nature puisse informer la connaissance scientifique, et inversement. Actuellement, de nombreux artistes trouvent ainsi une profonde inspiration dans les recherches en biologie. Elles sont pour eux un point de départ à une proposition artistique et à un regard très riche sur le vivant.

MOB : J’ajouterais que l’écologie sensible est un champ scientifique en émergence, une future interdiscipline peut-être ! Elle se place notamment à la croisée des sciences cognitives, des sciences humaines et sociales et des sciences du vivant. Plusieurs travaux1 en philosophie, géosciences, biologie, anthropologie et en éco-psychologie mettent en évidence notre perte de contact avec l’expérience de la nature et du vivant. Ce déficit présente des conséquences : en vivant dans un monde que nous percevons « désanimé », nous développons un peu de la nature, nous craignons l’altérité ou nous sommes même éco-anxieux ; autant de raisons que bon nombre d’entre nous expérimentent au quotidien et qui poussent à explorer le monde vivant à travers nos sens.

Face aux conséquences du changement climatique, le « rapport au sensible » gagne timidement du terrain dans le débat public, interrogeant particulièrement nos représentations du « vivant ». Avez-vous des exemples de changements dans la perception de la relation entre l’homme et la nature ?

MOB : On peut aujourd’hui percevoir que ces représentations commencent à évoluer : la philosophie de l’environnement est une branche scientifique très dynamique ; ou encore dans le domaine du droit, certains juristes travaillent sérieusement à donner des droits aux fleuves, aux forêts ou aux océans. (…)

 

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insa Lyon

 

[1] Dont ceux de Abram, Albrecht, Pyle, Ingold, Fisher.

L’enseignant qui façonne l’ingénieur de demain | Visages de la science

LL’enseignant qui façonne l’ingénieur de demain | Visages de la science

L’ingénierie n’est-elle qu’affaire de technique ? Romain Colon de Carvajal, fait partie de ces scientifiques pour qui l’ingénierie est bien sûr une affaire de technique, mais aussi d’éthique et de philosophie. Enseignant en génie mécanique à l’INSA Lyon, il est aussi spécialiste des low-techs. Selon lui, il est temps de préparer demain, et pour cela, il faut que les ingénieurs sortent du rang et partent à la reconquête de leur liberté.

  • Les low-techs comme médium pédagogique

Au sein de l’école d’ingénieur lyonnaise, Romain Colon de Carvajal met un point d’honneur à initier ses étudiants à la philosophie « low-tech ». « À partir du moment où l’on a bien compris les usages et à qui est destiné un produit technique, je dirais qu’on conçoit low-tech. (…) Le low-tech permet d’explorer une piste concrète et de mettre en lumière la chaîne de responsabilité, plus facile à appréhender lorsqu’un objet technique est plus simple », introduit l’enseignant au micro des « Cœurs audacieux ».

  • Pour une technologie juste, adaptée

« Pour moi, concevoir low-tech, c’est déjà concevoir intelligemment. Je montre qu’il est nécessaire d’avoir une bonne adéquation entre la réponse technologique et le besoin. Le point de départ est de questionner le besoin. Et ce questionnement peut aller très loin : on peut vraiment remettre en cause certains besoins, comme caractériser le côté gadget de certains produits par exemple, qui serait un travers du high-tech. »

  • Une question de responsabilité et de liberté

« La société actuelle demande à l’ingénieur de travailler sur plusieurs échelles de valeurs : l’utilité sociale, le prix, la valeur environnementale, la performance, le contenu scientifique… On ne le forme pas à jongler entre ces échelles de valeurs. Et souvent, il y a des conflits de valeurs : il existe des produits complètement inutiles socialement, mais très sympas à construire d’un point de vue technique. Et quelle liberté les ingénieurs ont d’aller d’une échelle à l’autre ? »

 

Romain_Colon_Carvajal

 

Enseignant au département génie mécanique de l’INSA Lyon, Romain Colon de Carvajal était l’invité du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 1- Épisode 2)

 

 

 

Romain Colon de Carvajal Podcast

La ville de demain, une nouvelle biodiver-Cité ?

LLa ville de demain, une nouvelle biodiver-Cité ?

Pendant longtemps, ville et biodiversité ont entretenu des relations difficiles. L’urbanisation, avec la densification dans certains territoires des populations humaines sous l’effet de leur démographie et de changements des organisations sociales, a engendré une perte toujours plus grande d’habitats naturels hébergeant chacun une biodiversité spécifique.

Comment créer aujourd’hui des espaces plaisants à vivre pour toutes et tous, performants dans leur manière de rendre des services multiples, adaptables et résilients face aux défis de l’Anthropocène, qui ont démontré aux décideurs comme aux citoyens qu’un changement de paradigme est nécessaire. Il n’est plus possible de concevoir une métropole comme un territoire largement découplé de la nature, mais bien d’imaginer des territoires urbains et péri-urbains comme des socio-écosystèmes où humains et non-humains peuvent vivre en harmonie…

Dans ce nouveau dossier Sciences pour tous, des chercheurs et des chercheuses posent un regard sur la ville de demain, et sur l’importance de renouer avec notre environnement, de lui faire de la place et de le faire durer.

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SCIENCES POUR TOUS   

« Construire la ville avec l’eau et non pas contre l’eau » | Visages de la science

«« Construire la ville avec l’eau et non pas contre l’eau » | Visages de la science

Comment contribuer à construire des villes plus durables et résistantes aux effets du changement climatique ? Très active sur le terrain, Sylvie Barraud a pendant des années travaillé avec la métropole du Grand Lyon pour repenser la gestion des eaux pluviales, afin de faire de Lyon “une ville perméable”. Au micro des cœurs audacieux, elle explique comment, notamment grâce aux travaux menés au sein du laboratoire DEEP[1], il est possible d’utiliser cette précieuse ressource pour préserver la biodiversité et améliorer le confort des habitants.

  • Les eaux et la ville

L’hydrologie urbaine est le domaine de prédilection de Sylvie Barraud. « S’il fallait résumer, c’est l’étude du cycle de l’eau en milieux urbaine : toutes les transformations que subissent les eaux, notamment de pluie, des précipitations jusque dans les milieux. »

  • Pour une ville plus résiliente aux effets du changement climatique

« Très longtemps, la Ville a été source d’imperméabilisation. On n’aimait pas avoir les pieds dans l’eau ! Plus on voyait l’eau, plus on l’évacuait rapidement. Toute cette artificialisation des sols urbains a conduit à un certain nombre de problèmes. (…) Aujourd’hui, on cherche à désimperméabiliser », explique l’hydrologue urbaine, enseignante-chercheuse et ancienne directrice du département génie civil et urbanisme de l’INSA Lyon.

  • L’eau n’est pas une contrainte, mais une ressource.

Repenser la gestion des eaux pluviales est-il d’autant plus important que les effets du réchauffement climatique se font déjà ressentir et que l’on fait face à des phénomènes de plus intenses. « Les dispositifs qui font la ville avec l’eau -et non plus contre l’eau- sont de plus en plus utilisés et valorisés auprès des collectivités comme étant des éléments d’adaptation au changement climatique, même si celui-ci imposera certainement de nouvelles règles de conception de ces dispositifs (…) Il va falloir les concevoir sur ces grandes séries climatiques qui seront différentes de celles que l’on a connu précédemment. »

 

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Sylvie Barraud était l’invitée du podcast « Les cœurs audacieux », un contenu audio proposé par l’INSA Lyon (Saison 2 – Épisode 7).

 

Podcast_Coeurs_Audacieux

 

[1] Déchets Eaux Environnement Pollutions

Quel poids les pluies de demain feront-elles peser sur nos égouts ?

QQuel poids les pluies de demain feront-elles peser sur nos égouts ?

Parmi les conséquences du changement climatique qui pourront affecter la vie sur Terre, le GIEC décrit l’avènement d’évènements météorologiques plus intenses voire extrêmes dans certaines régions. Les probables épisodes de pluie intenses et fréquents pourraient impacter le mode de gestion des eaux pluviales urbaines.

Au sein du laboratoire DEEP1, l’impact du changement climatique sur le réseau d’assainissement unitaire est au cœur de la thèse de Frédéric Gogien. Cet expert en assainissement au sein de Veolia a consacré une partie de ces trois dernières années à évaluer les conséquences des « pluies du futur » sur le fonctionnement hydraulique des réseaux. Accompagné par Gislain Lipeme Kouyi, professeur des Universités et Magali Dechesne, chercheure en ingénierie environnementale au centre de recherche de Veolia, il montre que l’adaptation est nécessaire. Face à l’augmentation des débits déversés, des volumes conséquents d’eau non-traitée pourraient se retrouver dans les milieux naturels.

>> Simuler les événements pluvieux du futur
C’est un travail très méthodique dans lequel s’est lancé Frédéric Gogien lors de ses premiers mois de recherche. Pour simuler l’évolution des précipitations d’ici 2100, le doctorant a mis en place une méthodologie2 de construction des pluies futures, appliquée à la ville de Valence. « L’idée générale de cette méthode consiste à se dire qu’un épisode orageux dans le futur ressemblera vraisemblablement à un épisode orageux d’aujourd’hui, mais que son intensité pourra être modifiée. Nous avons réitéré l’exercice à partir de cinq modèles climatiques différents, produisant des résultats contrastés de manière à prendre en compte les incertitudes. » C’est ainsi qu’en étudiant les pluies d’hier, Frédéric Gogien a par analogie, simulé les pluies de demain pour répondre à la question suivante : si d’ici 2100 le système de gestion des eaux urbaines ne subit pas d’évolution, quelles seront les conséquences de ces pluies sur le fonctionnement hydraulique du réseau d’assainissement, notamment sur les déversoirs d’orage ?

>> Un réseau unitaire déjà à flux tendu
Traditionnellement gérées via des réseaux d’assainissement, les eaux urbaines sont l’objet d’une ingénierie hydraulique poussée. Collectées au sein du réseau dit « unitaire », les eaux usées et les eaux pluviales sont généralement transférées vers des stations d’épuration pour être traitées, avant d’être rejetées vers le milieu naturel. (…)

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insa lyon

 

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1 Déchets, eaux, environnement, pollutions (INSA Lyon)
2 Cette méthodologie se décline en deux étapes : une descente d’échelle spatiale dérivée de la méthode quantile/quantile et une désagrégation temporelle par recherche d’analogues. Cette seconde étape s’appuie notamment sur la mise en évidence d’une relation entre la pluie et la température : plus il fait chaud et plus les intensités de pluie sont élevées.

 

Au Svalbard, une expédition pour sauver la mémoire des glaciers

AAu Svalbard, une expédition pour sauver la mémoire des glaciers

La Fondation Ice Memory, qui collecte des échantillons de glace du monde entier, lance une nouvelle expédition dans l’archipel du Svalbard, en Norvège. Objectif : prélever deux carottes de glace contenant l’histoire climatique et environnementale de ces 300 dernières années. Catherine Larose, microbiologiste au laboratoire Ampère, participe à cette expédition polaire franco-italienne.

Lire l’article complet

(Ré)agissons | ANNULÉ

((Ré)agissons | ANNULÉ

ÉVÉNEMENT ANNULÉ | (Ré)agissons, c’est 4 journées de mobilisation pour la biodiversité dans l’année !

Au cours de chaque journée sera abordée une thématique différente en lien avec l’effondrement de la biodiversité et dans le but d’apporter des solutions concrètes grâce à des ateliers participatifs !

Jour 1 : « Changement climatique : des solutions à ta portée! »

Au programme : 10h-12h > Participation Ludo conférence / Accès à un espace enfants

14h-17h > Ateliers familiaux et conviviaux :

  • Fresque du climat avec ARTHROPOLOGIA
  • Construction d’un four solaire avec HESPUL
  • Découverte des isolants biosourcés avec OIKOS

 

Pour la suite du programme, notez les dates des prochains rendez-vous : Samedi 1er juillet 2023 | Samedi 7 octobre 2023 | Samedi 1er décembre 2023.

Plus d’informations ici

Quelle place pour la biodiversité dans l’Anthropocène ?

QQuelle place pour la biodiversité dans l’Anthropocène ?

Cours public du biologiste Bernard Kaufmann

Parmi les phénomènes majeurs de l’anthropocène, la destruction de la biodiversité – par la conversion des espaces naturels, intensification agricole, changements climatiques, polluants, prélèvements, transports d’espèces invasives – représente le plus important impact de l’activité humaine sur le fonctionnement planétaire, à l’égal des 5 événements d’extinctions de masse détectés dans le registre fossile.

Le cours questionne le déclin de la biodiversité, l’importance de la diversité des gènes, des espèces et des communautés pour le fonctionnement des écosystèmes, ainsi que la place à donner à la biodiversité, en particulier au cœur de l’anthropocène urbain.

Intervenant : Bernard Kaufmann, maître de conférences en biologie de l’Université Claude Bernard Lyon 1

 

 

 

Au programme :

  • 1re séance : La biodiversité en crise – de la catastrophe annoncée aux solutions de voisinage.
  • 2e séance : Biodiversité, vivant et nature, services écosystémique et solutions fondées sur la nature : des concepts au terrain.
  • 3e séance : La crise de la biodiversité : est-ce si grave ?
  • 4e séance : Bouger, évoluer ou périr.
  • 5e séance : La crise de la biodiversité, les clés de l’action.

>>> Retrouvez les 5 séances du cours public 2022 de l’École urbaine de Lyon :

École urbaine : cours publics 2022

 

Les insectes : pourquoi faut-il les protéger ? | Un article Pop’Sciences

LLes insectes : pourquoi faut-il les protéger ? | Un article Pop’Sciences

Ils seraient plus de 5 millions d’espèces sur notre planète, dans les sous-bois, les plaines, les déserts, et même les océans. Ces animaux si discrets qu’on les oublierait presque, ce sont les insectes. Mais à quoi servent-ils ? Quelles interactions ont-ils avec notre environnement et avec l’espèce humaine ? Et en quoi nos activités les impactent-ils en retour ?

Un article de Samantha Dizier, journaliste scientifique
pour Pop’Sciences – 30 mars 2022

Alors que le nombre d’espèces d’insectes est estimé entre 5 et 10 millions, nous n’en connaissons seulement qu’un million d’entre elles1. Et on les retrouve dans tous les milieux et les écosystèmes : des profondeurs des océans jusqu’à l’aridité des déserts. Ces champions de l’adaptation ont donc un rôle à jouer partout sur notre planète.

Une de leur fonction principale est de servir de nourriture à d’autres espèces. Ils font ainsi partie de ce qu’on appelle la chaîne trophique, un ensemble de chaînes alimentaires reliées entre elles et dans lesquelles circulent de la matière et de l’énergie. Les insectes servent ainsi à l’alimentation des oiseaux, des batraciens, des araignées. « Ils ont un rôle fondamental, car ils contribuent à la survie d’un grand nombre d’espèces différentes », explique Emmanuel Desouhant, professeur au Laboratoire de Biométrie et de Biologie Evolutive de Lyon.

Des piliers de notre agriculture

Via leurs rôles dans l’écosystème, les insectes vont également rendre des services directement à l’espèce humaine, des services écosystémiques. Le plus connu d’entre-eux est alors la pollinisation. Dans le monde, près de 90 % des plantes à fleurs sont pollinisées par des insectes, tels que les abeilles. En Europe, ce sont également 84 % des cultures qui sont dépendantes de la pollinisation. Une étude de 2015 a démontré que le déclin des pollinisateurs pourrait avoir des graves conséquences sur notre santé, avec notamment une diminution de la diversité alimentaire, entraînant des déficits en nutriments2. Ils ont ainsi un rôle prépondérant dans notre alimentation. D’autant plus avec l’émergence de nouvelles utilisations de ces espèces comme source de nourriture pour les animaux d’élevage, mais aussi pour l’Homme.

Et la pollinisation n’est pas leur seul rôle de soutien pour notre agriculture. Les insectes peuvent aussi nous apporter des services de lutte biologique. Certains vont pouvoir défendre nos cultures contre les insectes ravageurs. « Ces insectes, nommés agents de lutte biologique, vont tuer les insectes ravageurs soit par prédation, soit en pondant leurs œufs à l’intérieur de leurs corps », explique Emmanuel Desouhant. Cela peut alors permettre de s’affranchir de pesticides ou de produits phytosanitaires, un exemple emblématique étant la coccinelle prédatrice des pucerons.

Bousier © Pixabay

Une autre fonction des insectes, qui est moins mise en lumière, mais tout aussi utile est leur rôle de nettoyage. Les insectes dits détritivores contribuent notamment au recyclage de la matière organique, issue des cadavres ou des excréments. Leur rôle est alors sanitaire en évitant la prolifération des bactéries. Cette fonction est aussi liée à un autre rôle encore plus méconnu : celui de la régénération des sols. « Un bon exemple est celui du bousier, raconte Emmanuel Desouhant. Il utilise les excréments pour en faire des boules de matières fécales qu’il va enfouir dans le sol et dans lesquelles les femelles vont pondre. Ce simple acte, lié à la reproduction d’une seule espèce d’insecte, va avoir trois conséquences pour son écosystème. Cet enfouissement contribue à l’aération des sols. Il va également entraîner l’enfouissement de graines, permettant la régénération des plantes. Et cet apport en matière organique va contribuer à la nutrition des sols. »

Plus sensibles au réchauffement climatique

Ces espèces sont donc des piliers fondamentaux de nos écosystèmes et sont en constante interaction avec l’ensemble de leurs composantes . Ils sont ainsi d’autant plus touchés par les activités humaines. Notre système agricole et l’aménagement des territoires entraînent la disparition de nombreux habitats naturels. En 2019, une étude internationale a constaté que 40 % des espèces d’insectes seraient sur le déclin3. La principale source de ce déclin serait dû à la perte de leurs habitats. L’utilisation de produits de traitement dans les cultures est également une cause importante de mortalité de population d’insectes.

La mondialisation peut aussi être un facteur important de modification des populations, avec l’apparition d’espèces invasives : « Avec l’augmentation de la circulation des biens et des Hommes, de plus en plus d’espèces exotiques arrivent dans des pays où elles n’étaient pas présentes et y prolifèrent, n’ayant pas d’ennemis naturels dans ces nouveaux milieux », analyse Emmanuel Desouhant. De nombreux exemples peuvent être cités, tels qu’une petite mouche invasive venant d’Asie, Drosophila suzukii, qui ravage les plantations de fruits rouges.

Drosophila suzukii © LBBE

Le changement climatique est également dévastateur au sein de ces espèces. « Les insectes sont des ectothermes, souligne Emmanuel Desouhant. Ils n’ont pas de régulation interne de leur température et sont donc soumis aux variations thermiques externes. Ils sont ainsi d’autant plus sensibles au réchauffement climatique. » De plus, ils voient leurs sources de nourriture être directement touchées par les modifications du climat. Le changement climatique entraîne la mort d’un grand nombre de plantes, bouleversant directement les insectes se nourrissant de celles-ci, les phytophages. Cela peut alors soit être une cause de mortalité, soit de dispersion des populations. On observe ainsi de nombreuses espèces migrer vers de latitudes de plus en plus hautes, telles que Aedes albopictus, mieux connu sous le nom de moustique tigre. Cette sensibilité au réchauffement climatique peut expliquer que le taux d’extinction des insectes est huit fois plus élevé que chez les mammifères, les oiseaux ou les reptiles. La biomasse d’insectes diminue alors de 2,5 % par an depuis 30 ans3.

Des répercussions en chaîne

Ces disparitions causent des réactions en chaîne, et de nombreuses disparitions d’espèces d’oiseaux, de reptiles ou d’amphibiens sont imputables aux disparitions d’insectes. « Certaines espèces d’oiseaux synchronisent leurs pontes avec la période où on observe la plus forte abondance des larves d’insectes », donne en exemple Emmanuel Desouhant. Si cette réserve alimentaire est faible, la mortalité des juvéniles en sera d’autant plus importante. La diminution des pollinisateurs peut également mettre en péril certaines de nos cultures. Les conséquences sont alors aussi multiples que le rôle que jouent ces espèces dans nos environnements.

Les insectes ne doivent ainsi pas être oubliés dans nos actions de protection de l’environnement. Ces maillons essentiels du bon fonctionnement de nos écosystèmes doivent être protégés au même titre que des espèces plus emblématiques comme l’ours polaire ou le thon rouge. Cette protection passe par la protection de leurs habitats, la diminution des sources de pollution ou d’utilisation de produits phytosanitaires. « Cela doit également passer par l’éducation, rappelle Emmanuel Desouhant. Nous devons apprendre très tôt à vivre avec les insectes, ou en tout cas à les reconnaître comme des partenaires dans le maintien de la biodiversité. »

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Notes

  1. Nigel E. Stork, How Many Species of Insects and Other Terrestrial Arthropods Are There on Earth?, Annual Review of Entomology, 2018, 63:31–45.
  2. Matthew R. Smith et al., Effects of decreases of animal pollinators on human nutrition and global health: a modelling analysis, The Lancet, 2015, 386: 1964–7.
  3. Francisco Sánchez-Bayo et al., Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers, Biological Conservation, 2019, 232:8-27.

PPour aller plus loin